Hors Sujet: Course d'endurance de 24h de Karting
On m’a demandé plusieurs fois comment se déroulait une course de 24 heures en kart donc voici une looooongue description de la course faite le week end dernier :
- Pour la préparation physique, on va dire que je n’en ai pas fait spécifiquement. Je pratique la pelote basque et le ping pong à l’année, je n’ai pas fait plus. D’autres dans l’équipe ont fait quelques séances d’abdos/pompes et même de l’aquagym (!). Vous l’aurez deviné, une course d’endurance en kart se pratique en équipe. La notre était mixte et composée de 10 personnes d’âges et de poids différents. Nous ne faisons quasiment pas de kart le reste de l’année et courons principalement pour le plaisir.
- Le contexte étant planté, voici donc le déroulé de la course :
Avant course : Le rendez vous est donné à 8 heures au circuit. Nous avons reçu préalablement le règlement de course et les aspects pratiques de la part du circuit mais aussi le planning des relais par Daniel notre chef d’équipe. Arrivé à l’heure, nous prenons possession de notre box pour y déposer nos affaires :
- Casque, gants et minerve pour la course
- De quoi se restaurer et s’hydrater (avec plein de choses mauvaises au nutriscore)
- Des transats pour les coups de mou
- Une cafetière pour boire chaud et tenir la nuit.
Samedi 8h30 : Nous allons à la pesée et récupérer une combinaison pour ceux qui n’en ont pas. Les poids servent à égaliser les équipes : tous ceux qui font moins de 80 kilos doivent rajouter plus ou moins de poids au Kart. Passé cette étape, nous profitons du petit déjeuner offert. Nous profitons également de ce petit laps de temps pour faire une reconnaissance à pied du circuit.
Samedi 9h30 : Nous assistons au briefing obligatoire. Au menu : rappel des règles de sécurité, des points de règlement importants et le passage de certains virages difficiles du circuit. Nous ne le savions pas avant mais cette course mêle des amateurs (comme nous) et des semi-pros (avec le manager et les sponsors). L’accent est également mis sur ce partage de piste au briefing.
Le règlement de course affiché dans le box
Samedi 10h00 : La matinée d’avant course est réservée aux essais libres et aux essais chronométrés :
- Pour le créneau d’essais libres : Chacun fait quelques tours de piste pour se familiariser avec le kart et prendre ses repères sur la piste. On essaie de faire passer toute l’équipe en piste mais un membre de l’équipe n’aura pas le temps de rouler.
- Pour le créneau d’essais chronométrés : Les membres les plus rapides de l’équipe entrent en piste pour faire le meilleur temps au tour. Celui-ci déterminera notre place sur la grille de départ. Nous nous plaçons en seconde partie de grille.
Samedi 11h30 : Les karts sont placés en épi sur la grille de départ. Nous profitons de ce moment pour faire quelques photos et profiter des derniers instants d’avant course.
Samedi 12h00 (24h restantes): C’est parti ! Le départ est donné dans le style des 24 heures du mans. Les pilotes courent vers leur kart et sautent dedans le plus vite possible.
Samedi 16h00 (20h00 restantes): C’est à moi d’entrer en piste. Le panneautage a été fait pour faire sortir le précédent pilote de piste et il se présente aux stands. Je saute dans le kart et pars faire ma part de la course. Team amateur oblige, nous avons déjà une panne d’essence et une pénalité de passage trop vite au stand à notre actif. Ce seront les deux seuls écarts sur la totalité de la course. Bref, je pars faire mes tours et je sens que les sensations ne sont pas au rendez vous. Je galère et j’ai l’impression de faire le drapeau derrière le kart. Je finis quand même ce premier créneau de 30 minutes et laisse la place à Seb, le dernier pilote du tour de relais. C’est en descendant du kart que je comprends pourquoi je galèrais. Le siège n’était pas assez avancé et mon dos ne reposait pas sur le dossier du siège. J’apprends au passage que celui-ci peut s’ajuster même en roulant avec la sangle à l’entrejambe (team amateur on a dit ^^)
Samedi 16h30 (19h30 restantes) : C’est au tour de Seb de céder sa place dans le baquet. Je prends un peu les premières impressions. Ce premier relais a aussi été dur pour lui. Avant la course, on nous a parlé d’ostéos qui sont sur place à disposition pour les pilotes. C’est l’occasion d’y faire un tour pour une séance complète de remise en ordre de tout ce qui est de travers. Ca permet également de relâcher les muscles surpris par cet effort inhabituel et de les préparer à ce qui va suivre. Je découvre également que la plupart des parties de mon corps peuvent craquer (même mon dos et mon cou) sans aucun effort apparent de l’ostéo. A notre retour au box, l’équipe nous charrie un peu sur ce passage précoce chez les soigneurs mais finalement tout le monde y fera un tour (ahah)
Samedi 20h00 (16h00 restantes) : On le voyait arriver et on se demandait quand ca allait tomber. L’orage s’abat sur le circuit et vient tout chambouler. La course continue mais les temps au tour s’allongent nettement et certains karts goutent à l’herbe et aux gravillons…
L'arrivée de la pluie sur le circuit change la donne
Samedi 20h44 (15h16 restantes) : Je prends mon relais alors que la pluie persiste depuis le passage de l’orage. Celle-ci a transformé le circuit en patinoire. Désormais tout change, il faut absolument rouler hors trajectoire. La gomme laissée sur la piste mélangée à l’eau crée une surface glissante comme du verglas. Je me débrouille comme je peux pour maintenir le kart sur la piste et assurer un temps convenables malgré les conditions. Je dois également résister aux concurrents qui n’hésitent pas à venir s’appuyer ou tamponner pour grappiller quelques centièmes au tour. Je tiens tant bien que mal les 28 minutes qui me sont allouées et laisse le volant sans regrets. Je suis trempé et j’ai hâte de boire quelque chose de chaud.
Dimanche 00h00 (12h00 restantes) : Nous sommes tranquillement installés dans le box avec Seb en attendant notre relais quand des détonations se font entendre. Malgré la pluie, l’organisation a décidé de tirer un feu d’artifice depuis le milieu du circuit et des karts en mouvement… Ca aura au moins eu le mérite de nous réveiller un peu mais on se pose quand même des questions sur l’aspect sécurité du truc.
Le fameux feu d'artifice, tiré au milieu du circuit :)
Dimanche 01h24 (10h36 restantes) : Je prends mon troisième relais. La pluie qui tombe encore maintient la piste dans l’état du relais précédent. La nuit désormais bien installée donne lieu à un sommet de brutalité sur la piste. Ca n’hésite désormais plus à tamponner franchement et à pousser volontairement dans l’herbe. Pilotage agressif de la discipline pour certains, bêtise humain et comportement antisportif pour d’autres, je vous laisse seuls juges. Je me pose aussi la question du rôle des commissaires de piste. Soit ils dormaient à ce moment là soit on leur demande sciemment de fermer les yeux. Plusieurs incidents se sont déroulés sous leur nez et ils n’ont pas bougé. Bref, je n’hésiterai pas non plus à tamponner franchement l’arrière d’un concurrent qui me l’avait fait deux fois avant l’épingle. Vu comme il a levé les bras au ciel, je pense qu’il a (ou plutôt ses côtes) reçu le message. Je termine quand même ce créneau sans trop de soucis malgré un ou deux tête-à-queue.
Dimanche 01h52 (10h08 restantes) : Mon relais vient de se terminer. Je profite du temps avant mon prochain passage pour aller me reposer. Il ne sera pas forcément question de dormir (même si on m’a dit que j’avais ronflé) mais au moins de se poser au calme et sécher un peu. Jean Paul m’a gardé une place dans sa voiture et, comble du luxe, même un coussin ! Je mets le réveil à 5 heures pour avoir le temps d’émerger et être à l’heure pour mon prochain panneautage. Je ne l’avais pas précisé avant mais les panneautages pour faire rentrer le kart aux stands est aussi fait à tour de rôle.
Dimanche 05h36 (6h24 restantes) : Je panneaute pour faire sortir Patrice de piste. J’apprends à ce moment là que la piste a un peu séché et que l’ambiance sur le circuit s’est un peu calmée. Ca s’explique surement par l’accident qui à eu lieu dans la nuit où un concurrent à réussi à faire deux tonneaux et planter le kart dans le grillage du circuit. Le pilote n’a pas eu de gros dégâts même s’il a été évacué par l’ambulance. Il y a eu à ce moment là pas mal de tour derrière le safety-car le temps d’évacuer le pilote, d’extraire le kart et de sécuriser le lieu du choc.
Dimanche 06h04 (5h56 restantes) : C’est mon 4ème relais. Je constate effectivement que l’ambiance s’est nettement améliorée sur la piste. La trajectoire étant sèche, le roulage peut se faire à pleine puissance. C’est ce relais que j’ai préféré sur l’ensemble de la course. L’atmosphère du roulage avec le jour qui se lève en toile de fond était magique. Même si mes chronos ne le reflétaient pas forcément, je sentais que j’étais à l’aise et que je ne me faisais pas trop distancer. L’objectif que je m’étais donné de prendre du plaisir et de ne pas finir dernier est en passe de se concrétiser. Pour le classement nous sommes tout au fond mais nous avons d’autres équipes derrière.
Dimanche 06h32 (05h28 restantes) : Le relais est passé. Je décide de ne pas retourner me coucher car le jour est désormais levé. Je prends un grand café pour tenir le coup et papote un peu avec les coéquipiers. Cette course est aussi l’occasion pour nous de se retrouver, encore plus maintenant que j’habite loin de tous. On se motive les uns les autres pour assurer la fin de course malgré la fatigue qui est désormais bien présente.
Dimanche 11h00 (01h00 restante) : Je prends mon dernier relais. Même si je suis fracassé, je tiens à finir proprement cette course. Je jette mes dernières forces dans la bataille. La piste est totalement sèche, ca roule fort mais ca tamponne peu. Dans cette dernière heure, j’ai l’impression que tout le monde gère sa fin de course plus qu’autre chose. Pour nous aussi le sort est plus ou moins fixé. Le concurrent précédent est 12 tours devant nous et celui de derrière à 7 tours de nous. Je laisse le relais à Seb pour faire la dernière demi-heure et passer sous le drapeau à damiers.
Le dernier relais, avec du monde qui poussse derrière!
Dimanche 12h00 (fin de course) : C’est fait. Seb vient de finir le travail et passe la ligne en 38ème position. Il profite du tour d’honneur avant que nous puissions le retrouver aux stands pour fêter la fin de la course. Nous fêtons la fin de la course avec une petite bière au box de l’équipe. Pas mal d’équipes ont déjà tout remballé mais nous nous profitons d’un dernier moment ensemble. L’équipe a bien géré sa course et a pu terminer quand même cette compétition avec un record : celui du nombre de changements !
Le drapeau à damier est agité, la course est finie
Bilan : Au final cette course s’est plutôt ben passée. L’objectif de ne pas finir dernier est atteint (ouf) et surtout nous avons réussi à tenir dans une course où les écarts de niveaux étaient vraiment colossaux. Certaines équipes en lice participaient aux championnats d’Europe et Championnats du Monde. Pour nous, l’objectif était plus modeste et la cohésion a fait que nous avons résisté à tous les coups bas en piste et la météo compliquée. A titre personnel, je suis satisfait de terminer une deuxième course de 24 heures en kart, la précédente étant les 24 heures de la Voulte. J’ai aussi pris beaucoup de plaisir à rouler sur cette piste qui est un vrai circuit de compétition avec ses virages techniques et ses bonnes vitesses atteintes en bout de ligne droite. Malgré la fatigue (j’ai dormi pas loin de 14 heures d’affilée suite à cette course et j’ai encore mal partout), il n’est pas exclu que je resigne pour une prochaine édition… a condition de garder la même équipe (Joe Kart Team pour les intimes)